« RIP Hong Kong» ; « Un pays, deux systèmes : 1997-2020 » peut on lire sur les réseaux sociaux jeudi 21 mai au soir. Est-ce la fin du statut spécial de Hong Kong ? Pékin a annoncé ce jour là la préparation d’une loi sur la sécurité nationale spécialement conçue pour la Région Administrative spéciale. Cette loi est bien connue des Hongkongais.e.s car elle est redoutée et repoussée depuis la rétrocession de l’ex-colonie Britannique à la République populaire de Chine, en 1997. Pourtant, la Basic Law, la mini constitution du territoire, stipule dans l’article 23 qu’Hongkong doit promulguer une loi interdisant les actes de trahison, de sécession, de sédition, de subversion à l’encontre du gouvernement central. Cette loi doit interdire le vol des secrets d’État et les interférences étrangères en politique. Est-ce que Pékin a perdu patience ? Les autorités de Chine continentales ont-elles eu peur de ne jamais pouvoir promulguer cette loi au vu du bon score que les politicien.ne.s pro-démocratiques promettent de faire aux législatives de septembre ? Qui sait ? Toujours est-il que le congrès national du peuple Chinois a court-circuité le conseil législatif de Hong Kong pour imposer la loi sur la sécurité nationale. Votée jeudi 28 mai avec 2878 voix pour, 6 abstentions et une contre, la proposition de loi est en passe d’être adoptée au plus tôt au courant du mois de juin.
Les réactions ont été instantanées, les groupes Telegram (la messagerie sécurisée utilisée par les manifestants à Hong Kong) ont relayé des appels à se rassembler dès le dimanche 24 mai. Alors que les mesures de distanciation sociale sont toujours effectives, les militant.e.s considèrent qu’elles n’ont plus qu’un but politique : interdire les manifestations. Et pour cause, ces mesures doivent prendre fin après la journée du 4 juin, de telle sorte que la veillée annuelle pour commémorer le massacre de Tien’ anmen ne puisse pas avoir lieu. Mais revenons en à la manifestation de dimanche. Des milliers de personnes se sont rassemblées sur l’île de Hong Kong pour protester contre la loi sur la sécurité nationale. La marche débutait à 13 heure, 20 minutes plus tard des gaz lacrymogènes enfumaient les rues. Les tramways et les bus ont été immobilisés, les stations de métro fermées. Les manifestant.e.s chantaient « 5 demandes pas une de moins » en brandissant des pancartes prophétisant « le paradis détruira le parti communiste chinois ». Grâce aux cartes régulièrement postées sur les réseaux sociaux, les militant.e.s savent où se trouve la police anti-émeute. Cela leur permet d’appliquer le mot d’ordre du mouvement pro-démocratique « Soyons comme l’eau » (« Be water »). Aussi, si une rue est bloquée, les manifestant.e.s se faufileront dans une parallèle. Le rassemblement est fluide comme le liquide, et lorsque la situation s’est tendue sur l’île de Hong Kong avec le déploiement des canons à eau irritante, et des balles poivrées, les militants sont allés défiler à Kowloon (la péninsule de Hong Kong).
Les manifestations reprennent avec ampleur après plusieurs mois d’accalmie dûe à l’auto-confinement des Hongkongais.e.s pour se protéger du virus. Cette loi sur la sécurité nationale aura de lourdes conséquences sur la jeunesse Hongkongaise. Militant.e.s ou non, les jeunes ont peur de se faire arrêter dans la rue. Porter du jaune ou du noir, les couleurs pro-démocratiques, c’est prendre des risques supplémentaires. Beaucoup pensent à partir à l’étranger car ils ne voient pas d’avenir possible à Hong Kong. Mais, que se passera-t-il pour les laissé.e.s pour compte, pour les jeunes qui n’ont pas les moyens de fuir ?

De retour de Hong Kong, pour couvrir l’actualitĂ© lilloise.