Dans le cadre de la « Rébellion Internationale d’Octobre », la branche lilloise du mouvement écologiste Extinction Rebellion s’est lancée dans un véritable marathon militant. Avec près d’une action par jour, retour sur une semaine de blocages et de symboles forts en faveur de l’environnement.

Initié au Royaume-Uni en 2018, le mouvement Extinction Rebellion a pour vocation d’alerter la population et les pouvoirs politiques sur l’urgence climatique et les enjeux en matière de conservation des écosystèmes. Cette dernière semaine (du 11 au 16 octobre 2020), les actions ont suivi un rythme particulièrement soutenu, lié à la « Rébellion Internationale d’Octobre » qui vise à mobiliser de manière intense tous les « climactivistes » du globe, simultanément. Même si du dire de militants, « avec le COVID, chaque antenne fait comme elle peut. »
La « rébellion d’octobre » à Lille en dates
A Lille comme ailleurs, la structure bien particulière d’Extinction Rebellion
Les actions du groupe étant globalement toutes illégales, une vraie culture du mystère entoure les échanges avec les rebelles. La plupart des participants aux actions n’obtiennent d’ailleurs l’essentiel des informations qu’au dernier moment.

C’est avant tout manière de garder secret le lieu des évènements, afin de retarder l’intervention des forces de l’ordre. Il faut bien dire que plusieurs actions menées cette semaine se sont ponctuées par l’arrivée de la police nationale, parfois venue simplement constater les faits.


Ainsi, chaque action est à demi-mot organisée par un activiste différent. C’est, entre autres, de ce modèle qu’Extinction Rebellion cherche à tirer sa légitimité en tant que mouvement : les préoccupations environnementalistes ne sont pas l’affaire d’un responsable mais de chacun. Le mouvement ne se veut pas de représentant, et les rôles sont redistribués à chaque action.

De la sensibilisation au spectacle
L’action d’Extinction Rebellion se conjugue tant sur le terrain que sur les réseaux sociaux, et par extension à travers les médias. XR Lille a été particulièrement actif cette semaine sur Facebook, publiant plusieurs fois par jour sur la Rébellion Internationale d’Octobre. Principal relai entre le terrain et les réseaux sociaux, les « médiactivistes » : ils adhèrent au mouvement et sont en charge de la création de contenu autour des blocages et des actions de sensibilisation. Tout est diffusé en direct, parfois en étant relayé par la page nationale d’Extinction Rebellion -c’est notamment arrivé durant l’action du 14 octobre.


La sensibilisation des activistes d’Extinction Rebellion Lille repose ainsi beaucoup sur une forme de « spectacle », de mise en scène, faite pour interpeller. On pourrait finir par y voir une forme d’artivisme.



Une lutte véhémente et paradoxalement pacifique
Mais à Lille, Extinction Rebellion ne s’arrête pas à l’artivisme. Plusieurs actions de désobéissance civile ont confronté les rebelles aux forces de l’ordre, la plus notable de cette semaine ayant probablement été celle du mercredi 14 octobre, sobrement intitulée « Ça va pas supermarcher ». Les militants ont tenté de bloquer la circulation autour du « rond point du 21ème siècle », devant Auchan V2, en occupant la chaussée avec de la paille et des armlocks.


Ces méthodes s’inscrivent dans une opposition nettement plus frontale et véhémente, même si elles le demeurent moins que dans les grandes métropoles mondiales.

Le groupe se revendique pourtant pacifique. Il est vrai que durant cette semaine de mobilisation, aucune invective ni aucune agression ne semble avoir été infligée aux forces de police.


Dans de nombreuses villes de France, des actions similaires ont pris place. Reste pourtant à savoir si ces actions de sensibilisation, qui ont pour objet d’interpeller les responsables politiques, sont suffisantes. Dans la légende du colibri, la forêt finit tout de même par bruler.

Étudiant en journalisme et en science politique à Lille, je photographie essentiellement dans le Nord de la France. J’ai pu travailler pour Le Monde, The Guardian, Le Figaro, L’Obs, Marianne, France Inter, Libération et d’autres, sur des sujets politiques et environnementaux.