Vous avez sĂ»rement dĂ©jĂ entendu parler de la Banque Alimentaire, peut-ĂŞtre avez-vous mĂŞme participĂ© Ă leurs collectes dans les grandes surfaces le dernier week-end de novembre mais, que savez-vous d’elle en rĂ©alitĂ© ? Nous pensons bien souvent que la Banque Alimentaire fonctionne comme d’autres associations solidaires comme les Restos du CĹ“ur ou la Croix Rouge qui travaillent directement au contact des plus dĂ©munis. La Banque Alimentaire, au contraire, pourrait ĂŞtre comparĂ©e Ă un grossiste qui collecte pour ensuite redistribuer les dons Ă travers ses diffĂ©rentes associations partenaires.
Pour en apprendre plus sur cette association, je suis allée à la rencontre des membres de la Banque Alimentaire du Pays Basque qui se sont engagés, il y a maintenant trente ans, contre la précarité alimentaire et le gaspillage. Situé à l’extérieur de Bayonne, un entrepôt neuf de 1300 m² centralise les denrées et activités de la Banque Alimentaire. Dès mon arrivée, je suis chaleureusement accueillie avec un café et, je rencontre Philippe Bonenfant (Photo 1), le président actuel de cette branche locale de l’association. Il est accompagné d’un futur bénévole et me propose naturellement de le suivre dans sa visite.

Pour comprendre comment fonctionne la Banque Alimentaire, il suffit de garder en tête les quatre étapes qui font le succès de cette association. La première : c’est la collecte. La grande récolte annuelle en magasin bien sûr, mais surtout la récolte quotidienne auprès des grandes et moyennes surfaces qui correspond à 40 % des ressources de cette branche du Sud Ouest en 2020. Tous les matins à 7 heures, les bénévoles/chauffeurs s’occupent d’aller chercher les produits frais chez les différents donateurs de la région.
Après la collecte, vient le tri. En effet, il ne suffit pas de collecter et de distribuer, il faut s’assurer de la qualité des produits. Maïté et Michèle sont toutes deux bénévoles chargées du tri des fruits et légumes, produits qui sont livrés chaque matin et qui demandent la plus grande attention. Comme elles, 35 à 40 bénévoles travaillent tous les matins dans l’entrepôt flambant neuf de la Banque Alimentaire du Pays Basque. Les bénévoles ont des profils très variés : il y a des retraités, certains sont salariés, d’autres en service civique. L’action de la Banque Alimentaire demeure avant tout solidaire et sociale c’est pourquoi on peut rencontrer des migrants ou encore des condamnés à des Travaux d’Intérêt Général parmi les bénévoles.
Aujourd’hui, au stand de tri, il y a un arrivage de fraises, de choux romanesco, de carottes et d’endives. Michèle accorde deux matinées à l’association et c’est toujours avec beaucoup de plaisir qu’elle retrouve son équipe : « C’est un petit bonheur de se retrouver parce qu’on blague, on rigole, on travaille et puis tout passe très vite et on est contentes de ce qu’on fait ».

« C’est un petit bonheur de se retrouver parce qu’on blague, on rigole, on travaille et puis tout passe très vite et on est contentes de ce qu’on fait »
Michèle, Bénèvole
Maïté, de son côté, s’est engagée comme bénévole dès le début de sa retraite il y a quatre ans : « C’était un projet que j’avais depuis très longtemps mais, par manque de temps et mon travail, je ne le faisais pas » Comme elle, la majorité des bénévoles s’engagent pour aider et se sentir concrètement utiles : « Je me suis engagée par rapport à ce gâchis alimentaire et aussi pour […] continuer à m’occuper indirectement d’une population un peu fragile et me sentir utile ».

Lors de mon passage, l’équipe de tri s’occupe essentiellement des barquettes de fraises, dont beaucoup sont abîmées. Va-t-on les jeter ? Certainement pas ! Ça serait mal connaître l’esprit de la Banque Alimentaire qui lutte depuis son lancement contre le gaspillage alimentaire. Depuis mai 2020, un partenariat a même été créé avec Les Carrioles vertes, une association écologiste qui transforme les déchets végétaux en compost pour les maraîchers locaux. Ainsi, depuis le début du partenariat, le don s’est élevé à onze tonnes de déchets, la boucle est bouclée !

Après le tri, vient le stockage. L’entrepĂ´t de la Banque Alimentaire a Ă©tĂ© sĂ©parĂ© en trois espaces distincts qui facilitent le travail des bĂ©nĂ©voles. D’abord, on trouve les stands de tris avec les lĂ©gumes et les fruits, ensuite il y a les chambres froides pour les produits frais et enfin, l’espace dĂ©diĂ© aux produits secs. Toujours accompagnĂ©e du futur bĂ©nĂ©vole et du prĂ©sident de l’association, je rentre dans la chambre froide nĂ©gative pour les produits congelĂ©s puis, dans la chambre froide positive pour les produits frais. Trois bĂ©nĂ©voles couverts de polaires s’y activent et ils font bien, car la tempĂ©rature n’y est pas plus Ă©levĂ©e qu’Ă Lille un matin de fĂ©vrier ! Je visite enfin le dernier espace oĂą des Ă©tagères sont remplies du sol au plafond de caisses noires ou de palettes de produits cellophanĂ©s.
Beñat, bĂ©nĂ©vole depuis 12 ans, s’occupe de dĂ©placer les produits dans l’entrepĂ´t grâce Ă un transpalette Ă conducteur portĂ© et s’occupe de charger les camions des diffĂ©rentes associations partenaires. Son engagement Ă la Banque Alimentaire a Ă©tĂ© motivĂ© par une sensibilisation au rĂ©emploi qui lui vient de l’enfance « [la banque alimentaire] me permet de me rendre utile d’une part et comme je suis un fils de paysan […] je sais ce que c’est que de ne pas gaspiller…».

Les deux grandes portes qui se situent de part et d’autre de l’entrepĂ´t permettent l’accueil des dons mais aussi, la rĂ©partition des aliments dans les camions des associations partenaires. En effet, l’étape finale de la Banque Alimentaire reste bien-sĂ»r la distribution des dons auprès des diffĂ©rentes associations caritatives qui accueillent les personnes les plus dĂ©munies et qui se fournissent Ă la Banque Alimentaire. Les associations peuvent ĂŞtre de diffĂ©rents types : distribution de colis individuels, Ă©piceries sociales, points d’accueil de jour, maraudes… En 2020, dans le contexte de la crise sanitaire, la Banque Alimentaire du Pays Basque a fourni plus 12 % de dons par rapport Ă 2019 ce qui Ă©quivaut Ă environ 1 800 000 repas. Durant le confinement, la Banque Alimentaire n’a pas fermĂ© ses portes en France car elle a Ă©tĂ© plus que jamais nĂ©cessaire. De nombreuses entreprises, incapables d’écouler leurs stocks, se sont alors tournĂ©es vers la Banque Alimentaire pour faire partager leurs produits au lieu de les jeter.

Il est important de rappeler qu’en 2019, pas moins de 9,3 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté dont 31,3 % étaient des étudiants et 7,6 % des retraités (chiffres de l’INSEE). L’aide alimentaire en France concerne 5,5 millions de personnes (IGAS,2019) et la Banque Alimentaire a permis d’en aider 2 millions. La crise du COVID-19 n’a fait que renforcer cette précarité qui est au cœur du combat de la Banque Alimentaire et de ses bénévoles partout en France.

DiplĂ´mĂ©e d’un BTS Audiovisuel en option montage, je suis passionnĂ©e de photographie, de vidĂ©o et de cinĂ©ma. J’aime tout particulièrement les portraits, les gros plans et les jeux de lumière.
Actuellement en 3ème annĂ©e Ă l’AcadĂ©mie ESJ Lille et en licence de Sociologie.
un joli reportage sur de très belles personnes ! Moi qui ne manque pas de nourriture terrestre j’ai le coeur rempli de bonheur quand je pense Ă eux.
Merci Ă tous
Très bon reportage textes/photos qui met bien en Ă©vidence le rĂ´le essentiel de la Banque Alimentaire et tout le dĂ©vouement des bĂ©nĂ©voles qui l’animent.
BRAVO A TOUS