Nous sommes Jeudi 13 mai et aujourd’hui, c’est l’Aïd. Alors que le couvre-feu est encore à 19h, des supporters du PSG s’activent sur WhatsApp. Hier, c’était jour de match. Ce soir, c’est jour de maraude, comme tous les jeudis. Souvent perçus comme des supporters agressifs, les membres du Collectif d’ultras du PSG ont aujourd’hui troqué le ballon rond contre des sacs de nourriture pour aider les sans-abri parisiens...
La trentaine de membres du CUP (Collectif Ultras Paris) Solidarité se réunit à Paris. Les personnes présentes viennent de toute la région parisienne, du 77 au 93 en passant par le centre de Paris. Femmes, hommes, adolescents. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’équipe est hétéroclite !
En arrivant, tout le monde se check et demande des nouvelles des uns et des autres. Les supporters préparent les sacs de nourriture en discutant du match de la veille. Les débats fusent sur les performances des joueurs dans une bonne humeur générale. Aujourd’hui, six quartiers sont couverts par la maraude : Bercy, République, Châtelet, Gare de Lyon, Montparnasse et Austerlitz. Ils vont distribuer 290 repas à travers la capitale.
Ismaël* vient du 93, il a connu le CUP Solidarité grâce à un ami à lui. Il est tombé amoureux du PSG depuis l’enfance grâce à son père et ses oncles. Quand un ami lui explique que certains supporters font des maraudes il n’est « pas trop réceptif« . Pourtant aujourd’hui, ça fait un an et demi que ce dernier participe activement aux maraudes. Pour lui, cette action représente « la vraie société » avec le point commun des membres d’être des inconditionnels fans du club de foot parisien.
Aujourd’hui, c’est l’Aïd. Les mères de certains supporters se sont activées pour préparer une montagne de gâteaux pour les personnes à la rue, pendant que 5 volontaires s’affairaient en cuisine pour préparer les 290 plats de pates qui feront le bonheur des sans-abri le soir venu.
Carl*, père de deux enfants habite en plein cœur de Paris. C’est un des référents du CUP Solidarité. Aujourd’hui, il s’occupe de la zone de Bercy avec Quentin* et Louis*. C’est à pieds que les trois hommes commencent la distribution. Le premier sans-abri auquel un repas est distribué est habitué à ces maraudes, Carl* le connait depuis longtemps.
« Ca fait trente ans que je suis à la rue, si un jour j’ai une maison, je n’en sortirai jamais si ce n’est pour faire les courses. »
SDF habitué de la maraude du CUP Solidarité
« Ca fait trente ans que je suis à la rue, si un jour j’ai une maison, je n’en sortirai jamais si ce n’est pour faire les courses » nous explique-t-il. Au-delà de la distribution de repas, les supporters prennent aussi le temps de discuter longtemps avec les personnes vivant dehors et de nouer de belles relations avec eux, Quentin* explique « La nourriture c’est bien, mais ça ne fait pas tout. Les sans-abri font face à beaucoup de solitude, on essaie de se battre contre ça« .
Dans la voiture, l’ambiance est tout autre. Le match d’hier est source de débat, mais il n’y a pas que ça. Carlos commence à raconter les souvenirs de ses meilleurs matchs en tant que membre des ultras parisiens. Samuel, qui a rejoint la maraude depuis peu, l’écoute, les yeux brillants. Ensemble, ils se souviennent de matchs marquants et de performances des joueurs du club. Ils parlent aussi de l’actualité du club, du nouveau maillot ou encore des nouveaux goodies que va vendre le Collectif, notamment pour financer les maraudes.
Bien loin des clichés sur les supporters de football, le CUP Solidarité est d’une grande aide pour les sans-abri parisiens. Pendant le confinement, les personnes à la rue leur expliquaient que certaines zones n’étaient pas couvertes par les maraudes des autres associations, et qu’ainsi, leurs seuls repas venait de cette association. Un rythme de deux maraudes par semaine avait donc été adopté pour pallier la situation.
Les rencontres faites au sein de la maraude et le fait d’aider les personnes dans le besoin sont deux facteurs qui rendent les bénévoles de plus en plus motivés. Bientôt, un nouveau quartier sera couvert par le CUP et l’équipe de la maraude va sûrement s’agrandir ! Jeanne*, la « maman » de la maraude du CUP Solidarité nous confie : » C’est parfois fatigant, mais je ne m’imagine plus passer un jeudi soir dans mon canapé « .
* Les prénoms ont été modifiés.
Etudiante à l’Académie ESJ en troisième année. Vagabondant entre Paris, Lille et ailleurs.
Bene valete — Будьте здоровы.
Cognata vocabula rebus — Слова, соответствующие поступкам
A potentia ad actum — От возможного к действительному
Aut vincere, aut mori — Или победить, или умереть.
Cibus, onus et virga asino — Ослу нужны пища, груз и кнут.
Benevole lector — Благосклонный читатель.
«Vita sene libertate nihil» — «Жизнь без свободы — ничто».
quelle belle initiative de continuer ainsi 🙂