Chypre, Omodos village

Retour sur la situation politique à Chypre depuis les années 60

Le 16 août 1960, la république de Chypre obtient officiellement son indépendance du Royaume-Uni et constitue encore aujourd’hui la majeure partie du territoire (soit environ 60% de l’île côté sud). Pendant cette période de transition émerge le rêve de l’Enosis (le rattachement de Chypre à la Grèce) chez les nationalistes grecs, concept qui incarnerait la libération. Or la minorité turque ne partage pas la même vision de l’avenir chypriote et de nombreux affrontements se déroulent pendant la décennie. Le gouvernement de Makarios III, représentant les deux communautés, se voit fragilisé par la mise en place de la dictature des colonels en Grèce qui réalise plusieurs tentatives de coup d’état à l’aide du groupe armé EOKA.

Le 20 juillet 1974, la Turquie intervient militairement cherchant à protéger les intérêts de la minorité turque et occupe le nord de l’île en deux jours (s’assurant le contrôle de 38 % du territoire). En Grèce, le refus de l’armée de s’impliquer dans ce conflit provoque la chute de la dictature des colonels. La Turquie refuse de se retirer et impose la partition de l’île de part et d’autre de la « ligne verte ». Entre 1974 et 1975, ce sont 200 000 Chypriotes grecs chassés par la Turquie qui sont contraints à l’exode, et les Chypriotes turcs sont forcés de s’installer au nord du pays. Depuis 1983 existe « La République turque de Chypre du Nord » reconnue uniquement par la Turquie.

En 2004, la république de Chypre entre dans l’Union Européenne cristallisant les inégalités économiques avec son territoire occupé. Les différences entre les deux parties de l’île sont frappantes ; architecture, affiches de Erdogan, monnaie (€ et LT), coût de la vie. En 2003, Ledra street (Nicosie) abritant auparavant un mur, est ouverte et devient le point de passage principal entre les deux parties. Malgré la crise sanitaire, le passage est toujours possible avec un pass sanitaire, un passeport et un test covid récent (moins de 7 jours).

Aujourd’hui, on voit de plus en plus émerger une mouvance qui cherche à unifier l’île de Chypre même si une hostilité très forte demeure entre les deux communautés chypriotes.

« S’il vous plaît, ne parlez pas de côté turc mais de partie occupée, c’est un manque de respect pour nous les chypriotes grecs ».

Pambos, chypriote grec rencontré à Nicosie.