Jour du souvenir trans à Lille, un rassemblement plein d’émotion

Ce samedi 20 novembre marquait la journée du souvenir trans, ou TDoR (transgender day of rememberance). L’occasion de rendre hommage aux personnes trans décédé.e.s prématurément à cause de la transphobie. Une journée lourde de sens, car entre septembre 2020 et octobre 2021, ce sont 375 personnes trans qui ont été tué.e.s, sans compter les suicides. Des rassemblements ont été organisés dans toute la France. A Lille, une centaine de personnes se sont retrouvé.e.e.s place de la République de 20h à 21h30.

Un taux de mortalité qui témoigne du chemin qu’il reste à parcourir

Iels s’appelaient Sasha, Ivanna, Paula, Luna, Ambre, Mathilde, Tristan, Nicolas. Le taux de décès des personnes trans a augmenté de 7% dans le monde en 2021, touchant particulièrement les personnes trans-féminines, les travailleurs et travailleuses du sexe et les personnes déjà touché.e.s par des discriminations (racisé.e.s, pauvres, migrants, en situation de handicap). Un tiers de ces meurtres sont commis dans la rue, 25% ont été tué.e.s chez eux : être trans c’est n’être en sécurité nul part.

Dans le monde, en Europe, en France et à Lille le simple fait de sortir de chez soi représente un danger pour sa vie. Chaque acte du quotidien, utiliser les toilettes publiques, rencontrer une nouvelle personnes, aller à la fac, sortir, boire un verre est un acte rendu compliqué par la transphobie. C’est une gymnastique permanente qui s’opère dans la tête des personnes trans, pour savoir à qui faire confiance, à qui donner ses véritables pronoms, à qui avouer que son prénom n’est plus le même.

Le 20 novembre est devenu le jour du souvenir trans en 1999 après le meurtre de Rita Hester, femme trans afro-américaine. C’est l’occasion de rendre hommage aux adelphes disparu.e.s et de crier sa colère, sa peine, ses angoisses face à une société qui fait la sourde oreille.

Photos d’Anaëlle Chalier

Un hommage alliant transidentité et handicap

A Lille, le rassemblement était organisé par le collectif Handivergence et les associations trans J’En suis, J’Y reste et C’est pas mon genre. L’hommage s’est déroulé en trois temps : des retrouvailles lors d’un café trans dans les locaux de l’association, suivie d’un départ groupé vers République où à eu lieu le rassemblement. Tout le monde était encouragé à venir soutenir une cause que les concerné.e.s ne doivent pas défendre seul.e.s. Enfin, les personnes trans, non-binaires et en questionnement qui le souhaitaient ont pu participer à une soirée en non-mixité jusqu’à minuit.

Le collectif Handivergence a mis un point d’honneur à rendre la cérémonie inclusive. Ainsi, les associations ont mis à disposition la retranscription des discours à l’écrit ainsi que des cannes et/ou fauteuils roulants pour les personnes qui en auraient besoin; de même chaque prise de parole était traduite en langue des signes.

Des bougies ont été distribuées avant les discours des portes paroles des associations et chacun.e a pu venir déposer la sienne au milieu du cercle formé par les personnes présentes. Les témoignages se sont succédés dans une ambiance chargée de chagrin, de colère mais par dessus tout emplie de soutien et de courage. Les discours ont mis l’accent sur la double peine subie par les personnes trans en situation de handicap, oubliées des luttes.

L’identité trans est politique, sans l’être par choix. C’est une obligation qu’on nous impose. Nous devons lutter contre l’administration, les établissements scolaires, les entreprises, le corps médical, parfois même les passants et les passantes dans la rue.

Porte parole du collectif Handivergence

Photos de Zoé Hervieux