Vivre en ville peut s’avérer être très étouffant, surtout en ces temps de semi-confinement. Comprimée entre le seul parc que nous offre Lille (la Citadelle), et les rues recouvertes de pavés, j’ai décidé d’aller prendre l’air, de m’échapper un temps du brouhaha quotidien pour retrouver la grandeur de la nature. Avec quelques amis, on a profité d’une « pause pédagogique », comme aiment à l’appeler nos directeurs d’écoles, pour respirer enfin, de l’air pur dénué de pollution citadine, où l’on peut observer les étoiles, courir dans l’herbe, se tremper les pieds dans une rivière, et voir plus de ciel que de bout d’immeubles…
Direction, donc, Rocamadour, mythique cité médiévale dont le nom vous dit surement quelque chose, si vous connaissez un temps soit peu le sud de la France.
Rocamadour c’est un petit village suspendu à la falaise, en haut duquel se dresse un ensemble d’églises, et chapelles, lieu de culte important pour les catholiques. Plus bas il y a l’unique et seule rue du village, dont les côtés sont peuplés de maisons en pierres blanches, traversée par des portes arcs-boutées. Dans Rocamadour, « citadelle de la foi », pas une pierre ne semble avoir bougée depuis l’époque des chevaliers. En contrebas de ce hameau typiquement lotois dont l’activité touristique est d’habitude le seul gagne pain d’une bonne partie des habitants, une vallée verte, à l’aspect miroir semblable à une étendue d’eau, au creux de laquelle coule mystérieusement une petite rivière tortueuse, enferme le village dans une bulle bucolique, suspendue. Et tout autour de la petite cité ancestrale des falaises, des ballons, des arbres à foison, la majesté harmonieuse de la nature : le parc naturel régional des cosses du Quercy.
Sur le chemin du halage, près la cascade d’Autoire, dans le joli village de Saint-Cirq-Lapopie, malgrĂ© le couvre feu et le COVID-19 des touristes visitent coute que coute ces endroits très prisĂ©s lorsque l’étĂ© pointe son nez. Moins nombreux qu’en saison habituelle, certains vaillants sont tout de mĂŞme lĂ , venus prendre le soleil d’un hiver printanier oĂą les t-shirts et les chemises sont de sortis. D’un point de vue de lilloise habituĂ©e Ă porter le masque dĂ©s que le pas de ma porte est franchi, le lot c’est free covid : personne ne porte le masque sur les innombrables sentiers de randonnĂ©e, pas mĂŞme dans les villages classĂ©s plus beaux villages de France, et qu’est-ce que ça fait du bien que d’échanger avec un inconnu sans tissu collĂ© Ă la bouche, de marcher en respirant, rĂ©ellement… Ă€ quoi bon de toute façon, quand le nombre d’habitants est moins Ă©levĂ© que celui des personnes qui patientent devant le laboratoire d’une grande ville pour se faire tester ? Bien sur tous les parcs animaliers, les gouffres – bijoux de la rĂ©gion – sont fermĂ©s au public. Mais la vie est douce dans le lot, le temps est longuement agrĂ©able et les habitants très chaleureux. Peut-ĂŞtre qu’un jour j’y Ă©lèverai des chèvres ? Ces vacances m’ont rendu le gout du rĂŞve, m’ont rĂ©appris Ă trouver du beau et du bon dans la vie, mĂŞme si cette annonce d’un troisième confinement n’est pas sans dĂ©dorer la vie, partez dans le Lot, notre santĂ© mentale ne demande que ça.

Étudiante en deuxième annĂ©e en Sciences politiques option AcadĂ©mie ESJ Lille, j’aime vadrouiller, appareil photo et carnet Ă la main.